Les Samadhi du Samedi | Ep.60

Les Samadhi du Samedi | Ep.60

Les Samadhi du Samedi – A TOI, QUI VIENS DE NAITRE

Apprendre qu’un enfant qui portera une partie de tes gènes vient de naitre et voir son merveilleux sourire et ses yeux s’entrouvrir sur le monde qui nous entoure est une expérience saisissante qui me rappelle certains écrits de cette femme extraordinaire que fut Etty Hillesum.
 
« L’important, maintenant, c’est de ne pas me laisser dominer par ce qui est en train de se passer en moi. D’une façon ou d’une autre, cela doit rester subordonné. Je veux dire†: on ne doit jamais se laisser paralyser par un seul problème, si grave soit-il, le grand flux de la vie ne doit jamais s’interrompre. » (*)
 
A l’heure où l’épidémie paralyse la planète de façon encore plus stricte que ne parvint à le faire la nazisme, il est encourageant d’évoquer l’auteure d’un journal qui décrit à la fois l’horreur des persécutions, déportations et détentions du camp d’extermination de Westerbork et l’évolution spirituelle de cette jeune néerlandaise, morte à Auschwitz à 29 ans, qui suivit une thérapie avec Julius Spier, collègue de Jung et qu’elle désignait comme « l’accoucheur de mon âme » (**)
 
Lorsque la vie s’ouvre pour un petit Être dans cette vallée de larmes que nous peuplons de nos lamentations, nos peurs, nos réclamations contre le système, les dirigeants, les décideurs et j’en passe, les mots d’Etty nous interpellent†: « La saloperie des autres est aussi en nous. Et je ne vois pas d’autre solution que de rentrer en soi-même, et d’extirper de son âme toute cette pourriture. Je ne crois plus que nous puissions corriger quoique ce soit dans le monde extérieur que nous n’ayons d’abord corrigé en nous. »
 
« Puisque, désormais libre, je ne veux plus rien posséder, désormais tout m’appartient et ma richesse intérieure est immense ».
 
Cette sagesse du détachement, cet incommensurable amour de la vie et cet espoir en l’humanité sont les ingrédients qui donnent sens à nos vies.
 
Apprendre à intégrer chaque événement dans sa perspective de sens, non plus comme un obstacle mais comme une opportunité de devenir, une source d’énergie pour aller au-delà de soi, n’est-ce pas le meilleur bouclier que les fées puissent déposer dans le berceau d’un enfant?
 
(*) Etty Hillesum Une vie bouleversée – Journal 1941-1943. Ed. du Seuil- 1988
(**) cité par Michel Fromaget – Un joyau dans la nuit Desclée de Brouwer 2014

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