Les Samadhi du Samedi | Ep.64

Les Samadhi du Samedi | Ep.64

Les Samadhi du Samedi – L’avenir n’est pas inévitable

Les poètes partagent avec les artistes la capacité de quitter le monde perçu comme réel pour nous permettre d’accéder par les mots ou les sens à la représentation d’évènements impossibles à percevoir. Donner forme ou placer des mots face à la tragédie est une manière d’en maitriser la représentation.
 
Victor Hugo disait « C’est une triste chose que la nature parle et que les humains ne l’écoutent pas »
 
La crise que nos vivons lui donne raison et nous invite à restreindre les atteintes faites à l’écologie, renoncer à la prétendue supériorité que nous avons exercée sur l’environnement ou persister dans l’erreur et aller vite rejoindre les dinosaures.
 
Mais en plus des transformations que nous allons devoir instaurer dans nos habitudes pour vivre mieux sans croissance et avec plus de répartition, d’équité et d’empathie, notre intelligence va devoir s’exercer en connexion avec la vie de toutes les cultures, les espèces et les métiers pour déchiffrer nos ambiguïtés.
 
L’artiste Alfredo Marquez rappelait récemment la superbe réponse que fit en 1989(*) un poète péruvien aussi génial que visionnaire à la question « qui êtes-vous ? » que lui posait la collaboratrice de Jorge Luis Borges :
 
« Dans le monde, fait de néants accumulés (…) Comme c’est à contre-temps que l’on parvient à soi-même »
 
Cette épreuve qui traverse notre planète nous offre aussi l’expérience de « parvenir à nous-mêmes » comme le démontrent les preuves d’inconscience, d’irresponsabilité, d’égoïsme mais aussi les vagues de solidarité qui déferlent sur nos peurs et notre solitude.
 


La solitude est un dur rocher
contre lequel se jette le vent
Elle colle à chaque mur de la ville
comme une complice secrète.


 
Face à toutes les déchirures qui marquent les corps et entrent par effraction dans le psychisme collectif, les mécanismes de défense comme l’observation, la rêverie, et la sublimation sont les plus sûrs chemins pour découvrir et construire des mondes plus aimables.
 
(*) »Escrito a ciegas » Poème de Martin Adàn adressé à Celia Pascero
et publié par Visir, cité en Avril 2020 par Alfredo Marquez – Artiste péruvien.

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