Les Samadhi du Samedi – LE TEMPS DE SÉNÈQUE
« Dans les temps derniers du monde, il adviendra que l’océan se dénouera et une nouvelle terre surgira » écrivait Sénèque le Jeune, quatorze siècles avant la découverte de l’Amérique.
Point n’est besoin de prémonition pour comprendre que, depuis toujours, la découverte de nouveaux espaces et de nouveaux outils transforme radicalement l’essence et la morphologie des humains.
Les nouvelles technologies apportent de nouveaux comportements et de nouveaux modes de communication. En tant que psychothérapeutes nous constatons une plainte croissante face à la souffrance du vide existentiel qui semble devenir chaque jour plus difficile à combler. Nombreux sont ceux qui prédisent l’apocalypse et sombrent dans l’angoisse face à la mouvance des institutions, la perte des règles, repères et croyances.
Cette recherche de sens qui ne s’accomplit qu´en dénouant les océans est pourtant une des plus belles caractéristiques de la condition humaine : la capacité de nous remettre en question, celle d´interroger nos certitudes. C’est le besoin de créer une cohérence entre les valeurs et les actes de notre vie qui nous permet de ressentir la portée universelle de nos émotions, nos besoins, nos rêves.
Vivre bien, sainement, pleinement, n’est pas vivre sans souffrance, c’est plutôt équilibrer son monde extérieur à partir de notre conscience intérieure. Cet espace oublié et intime où se cachent les réponses, le point de rencontre de nos chemins épars.
Habiter chaque instant de nos vies est une pratique difficile mais qui nous permet de réaliser que nous sommes vivants.
Les systèmes de croyance périclitent à une vitesse aussi étonnante que le constat de la recherche grandissante d’une spiritualité autonome, libre des dogmatismes, des contraintes et de la culpabilisation qui ont accompagné et parasitent encore la plupart des pratiques religieuses qui ont mené et conduisent encore grand nombre d’humains sur le mur de l´obscurantisme.
Pour être donneur et faiseur de sens de sa propre vie, l’homme manifeste aujourd’hui son besoin de relier les gestes quotidiens, les temps et les espaces qu´il habite d´un coin de paix où se rejoignent ses racines physiques et spirituelles.
Ne plus penser au pourquoi, à demain, à soi, à l’avenir est non seulement une méthode efficace pour désactiver les méandres de la dépression, mais aussi un cheminement direct vers l’estime de soi, l’acceptation de ce qui est dans l’instant unique, c´est à dire l’instant présent où, à défaut d´une terre nouvelle, un nouveau coin de ciel surgira.
Marie-France Cathelat
Lima 22 Février 2020
Mais ne devons nous pas construire notre futur dans notre présent con l expérience de notre passé?
Bien sûr, exact. C´est l´idéal, mais les « temps nouveaux » offrent aussi des défis pòur lesquels l´expérience ne suffira pas et il faudra faire appel à nos ressources intérieures pour trouver de nouvelles réponses. Merci d´enrichir notre page par vos commentaires !