Les Samadhi du Samedi – « LA STUPIDITÉ HUMAINE »
Le colloque organisé par le psychanalyste Dr. Moisés Lemlij (1) a récemment réuni un groupe exceptionnel d’intellectuels et de décideurs politiques pour réfléchir sur le travail de l’économiste italien Carlo Maria Cipolla, selon lequel : « une personne est stupide s’il ou elle cause du mal à d’autres personnes, ou un groupe de personnes, sans aucun gain personnel, ou pire encore, si elle peut se causer préjudice dans le processus [2].
« Chaque pays en développement a un nombre inévitable de gens stupides. Mais il a un pourcentage exceptionnellement élevé d’individus intelligents qui contrôlent la fraction de personnes stupides et produisent assez de profits pour eux et la société pour créer le progrès.
Dans la décadence, la fraction d’imbéciles est la même, mais le méchant stupide et le stupide crédule augmentent, renforçant le pouvoir des stupides et conduisant le pays à la ruine. »
Les turbulences des conflits entre les décideurs politiques péruviens n’ont pas été absentes du débat, comme on pouvait le supposer. Tout autant que l’enracinement irrationnel des dogmes en termes de sexe, d’origine et de croyances.
La prédominance de la pensée psychanalytique dans le débat a servi heureusement à clarifier la distinction qu’il est nécessaire de faire entre les gens stupides et les comportements stupides des gens qui, tout à coup, agissent d’une manière irrationnelle, nuisible, téméraire, maladroite pour eux-mêmes et les autres. Il est évident que nous appartenons tous à cette dernière catégorie dans laquelle nous circulons consciemment ou non dans certaines circonstances ou moments de notre vie.
Il est évident aussi que l’humanité en général a perdu de nombreuses compétences que notre espèce possédait quand nous étions chasseurs-cueilleurs et que nous ne voulons pas comprendre les conséquences de cette perte face à la crise que nous avons créée et ne voulons pas regarder en face.
Cela nous amène à nous demander si la stupidité niche dans l’esprit des dirigeants ou dans celui de ceux qui insistent à les élire pour leur visage, leurs promesses au lieu de leurs programmes gouvernementaux et la capacité de leurs équipes à les accomplir .
Tous les politiciens et économistes nous parlent de la dette financière comme s’il ne s’agissait pas d’une simple construction sociale et comme si elle justifiait de ne pas construire les écoles et les hôpitaux qui peuvent donner à un pays des esprits créatifs capables de trouver des solutions à la dette réelle à laquelle nous devons faire face : la dette écologique sans laquelle il n’y a pas de survie possible: les limites de la nature, contrairement à celles du Fonds monétaire international, sont dramatiquement concrètes, irréversibles et impossibles à négocier.
Aujourd’hui, toute l’humanité vit dans la dette avec un déficit croissant en termes d’eau, d’arbres, d’océans, de terres et de poissons, c’est-à-dire face à une menace existentielle directe, l’accélération de l’usure des ressources de la planète qui est connue de tous les homo sapiens, c´est à dire que notre humanité est assez stupide pour causer des dommages irréversibles sans gagner aucun gain personnel dans le processus.
La présence des illustres invités Andrés Rascovsky d’Argentine et Leopold Nosek du Brésil nous a apporté la consolation de savoir que l’endemia des carences neuronales pour trouver des solutions ne se limite pas à l´espace géographique de n’importe quel pays et que la stupidité est en effet universelle
(1) Colloque « La Estupidez humana » Lima , octobre 2019
Sur la scène politique contemporaine
Dans les certitudes et les dogmes, la science, la technologie et le développement, dans la discrimination par sexe et l’ethnicité politique.
(2) Les 5 lois fondamentales de la stupidité humaine » Carlo Mario Cipolla
Marie-France Cathelat – 12 octobre 2019