Les Samadhi du Samedi | Ep.24

Les Samadhi du Samedi | Ep.24

Les Samadhi du Samedi – « Yin-Yang »

Il a fallu trois millénaires pour que les pays d´Occident prennent conscience que le problème politique majeur est celui de l´égalité des droits des hommes et des femmes, pourtant établie dans la Charte des Droits et principes universels des Nations Unies. (*)
 
Dans les sociétés occidentales, depuis trois générations, les femmes ont conquis un espace dans lequel la Loi leur garantit la liberté de maitriser leur procréation. La différenciation des responsabilités hiérarchiques et des rémunérations demeure et continue de poser le plafond de verre qui limite leur élan et leur créativité.
 
Au-delà de l´Occident, la souffrance de naître femme s´ajoute à celle d´être inférieure, mal nourrie, illettrée, exploitée, battue, excisée, violée, achetée, répudiée, lapidée.
 
Pourquoi les femmes sont elles un enjeu majeur dans les conflits contemporains si promouvoir les droits et le rôle des femmes est une garantie de progrès et d´équilibre dans toutes les sociétés ? Pourquoi l’ingéniosité des civilisations humaines est sans limites en matière de violences contre les femmes ? Violences physiques en temps de guerre comme en temps de paix, violences collectives, violences d´Etat et violences individuelles, violences psychologiques, sociales, politiques, religieuses ?
 
La prééminence chronologique du féminin s´impose pourtant dans la représentation de toutes les civilisations depuis 30 mille ans avant Jésus-Christ. Aphrodite en Grèce, Astarté pour les Phéniciens, ou Ishtar à Babylone et Isis en Egypte sont, tout comme les statuettes et céramiques appartenant aux cultures successives du Pérou et d´autres régions de l´Amérique latine une évocation du culte rendu à l´archétype de la déesse Mère, Reine du Ciel (**) et de la fertilité mais aussi du désir, la vie, le plaisir et la fécondité. Dans la représentation préhistorique le rôle de la femme est donc vénéré.
 
A quel tournant de l´histoire la domination masculine s´instaure-t-elle ?
 
A quel moment la plus ancienne des dominations devient celle des sexes ?
 
La domination masculine symbolique s´impose-t-elle lorsque l´homme découvre la participation qui lui revient dans la fécondation d´enfants des deux sexes ? L´enfant est il perçu comme le produit que devient un capital dont il faut s´assurer la propriété ? Ou la revanche de Zeus et Jupiter coïncide avec la découverte des métaux, le bronze et l´or produits par la force manuelle de l´homme accroissent leur pouvoir dans les premières cités ?
 
En Orient où l’équilibre masculin-féminin s´inscrit dans tous les systèmes de croyances, de l´hindouisme au taoïsme, l´accomplissement sacralisé de l´harmonie entre le Yin (féminin) et le Yang (masculin) n´ont pas empêché en Inde, en Chine, au Japon et dans toute l´Asie une infériorité des femmes, des divisions sociales et culturelles ou la domination masculine est perçue comme naturelle par les dominées.
 
Actuellement, l’agonie de l’Eros que semblent vivre les plus jeunes dans les pays les plus industrialisés se manifeste à la fois par une perte du désir ou, au contraire, une exposition excessive d´une sexualité qui alimentée par la pornographie des réseaux a désacralisé la découverte de l´autre. La rencontre facile et immédiate des corps les transforme en marchandise (***) Dans le capitalisme néo-libéral, l´invisible n´existe plus. La capacité de prendre l´autre en compte diminue, le narcissisme s´accroît semble t´il au même rythme que le pouvoir d´achat des peuples. La standardisation des techniques et la mondialisation des réseaux de communication activent elles en nous un soubresaut de notre cerveau reptilien ? Dans cette démarche, les structures dominantes créées et jalousement conservées par les hommes ne les emprisonnent elles donc pas autant ou plus que les femmes ?
 
La prédiction maléfique de la chrétienté à l´égard de la femme condamnée à «enfanter dans la douleur» après avoir été chassée du Paradis serait-elle en fait la difficulté de l’Être humain chassé des entrailles maternelles pour affronter le Non-Moi, la singularité de l´Autre, la peur du rejet, l´exil d´un Tout primordial ?
 
(*) Chartre des Nations Unies (1945) Préambule : Nous peuples des Nations Unies, résolus à …proclamer notre foi dans …l´égalité de droits des hommes et des femmes (…)
(**) Chapitre 44 du Prophète Jérémie
(***) Pierre Bourdieu : la domination masculine

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