Les Samadhi du Samedi – La causalité du hasard
Dans le blog de la semaine dernière (27 Avril) nous avons reçu du Mexique le commentaire intéressant de l’artiste Mahia Biblos, épouse du Maestro Juan Acha, théoricien des processus de l’art latino-américain, dans le sens que notre texte était …. » un peu ésotérique »!
Comme les réflexions sur l’esthétique philosophique de Juan Acha ont révolutionné de nombreuses idées préconçues dans le domaine artistique ou culturel de nos sociétés, le commentaire mérite une réflexion, particulièrement opportune après les importantes Manifestations artistiques organisées dernièrement à Lima.
Juan Acha nous enseigna à voir l’art comme un processus socioculturel divisé en trois activités interdépendantes qui sont la production, la distribution et la consommation. Chacune d’entre elles dépend de l’être humain qui l’accomplit, de la société qui l’entoure et du système culturel auquel il appartient.
Dans les 3 systèmes culturels esthétiques qu´il identifia, il marqua la différence entre l’artisanat, les arts érudits et les arts technologiques et souligna l’interdépendance sociale entre eux. Il souligna également l’intervention des facultés exclusives des êtres humains qui sont les sens, la raison et la sensibilité. Ce que nous connaissons aujourd’hui en neuro-sciences comme les différentes formes d’intelligence humaine.
À sa question de savoir pourquoi parmi plus de 630 millions de latino-américains si peu devenaient professionnels dédiés à la remise en question, la théorisation, l’histoire des arts, aujourd’hui, la transformation technologique prédite par Marshall Mac Luhan, sur l’interconnexion humaine bouleversée par les médias électroniques propose encore plusieurs réflexions.
La psychanalyse, qui est l’art de l’esprit, considère que notre psyché est structurée par le langage, raison pour laquelle il est entendu que les messages reçus dans la phase préverbale et l´enfance imprègnent des comportements et émotions très difficile à transmuter.
Si nous convenons que » le médium est le message”, une expérience immédiate m’a révélé aujourd’hui que la psyché de notre » village mondial » est gravement malade. La parole, origine et fin de notre humanité disparait de notre vie quotidienne. La grammaire qui à l’époque moderne, remplaça l’art verbal semble maintenant appartenir au Pléistocène.
Non seulement nos neurones ne donnent pas la peine d’entrer en synapses pour écrire une phrase pensée avec un minimum de logique et de syntaxe, mais nous communiquons par émoticônes. Les entreprises, les banques, les supermarchés et maintenant, en Europe, les services administratifs de l’État remplacent l’interconnexion humaine par l’Internet.
A ce propos, et après que ce magique outil personnel soit tombé en décomposition insoluble pour la troisième fois au cours de la semaine, un serveur local m’a donné la possibilité de mettre en pratique ce qui était suggéré dans mon blog « ésotérique”, la semaine dernière et de reprendre les questions de mon ami Juan Acha. Prendre du recul, observez et se poser des questions.
Quelles sont les contributions, les questions, les alternatives que peut fournir l’Amérique latine pour atténuer l’ablation de la langue orale et écrite ?
Depuis Socrate et Aristote, la philosophie était garante de notre capacité d’étonnement contre ce qui, à force d’être l’habitude quotidienne devient invisible, effacé par la conformité. D´où venons nous, où allons-nous, quel sens donner à notre vie humaine, pourquoi la crainte de parler ou la peur du silence ?
Ce sont des questions qui nous préoccupent tous en tant qu’êtres humains qui partageons t avec des millions d´humains le privilège de traverser la vie dotée d’une conscience, un esprit rationnel et un langage pour en témoigner.
Si une petite guerre de drones anéantissait le cœur de notre technologie, l’intelligence artificielle et les données dans le monde entier, quelle capacité d’étonnement auraient nos descendants et quelle forme de communication si chaque jour nous perdons contact, empathie, sourire ou tout simplement nous privons du regard de l’autre, notre semblable ?
Les idées qui nous habitent dans le silence de l’esprit, la bonne utilisation des mots pour exprimer notre pensée, sont la dialectique socratique célèbre parmi les êtres qui non seulement pensent, mais aussi parlent et apprennent à communiquer par le dialogue.
L’apprentissage et la nature du langage et sa polyphonie sont l’un des axes de l’œuvre que nous a transmis Juan Acha pour la construction d’une pensée critique à laquelle l’Amérique latine peut et doit contribuer.
(*) Marshall Mac Luhan : The Medium is the Message- Ed. Random House 1967
(**) Marshall Mac Luhan : War and Peace in the global village-1968- reprint by Gingko 2001)
Bonjours ma chère Marie-France ne craint pas ce futur si incertain par essence l’homme à besoin d’ un contacte physique. Et ne crois tu pas qu il est l’heure de nous recréer. Ne serait-pas ce message que Jean-Michel Basquiat nous a laissé. Bises et bonne fin de semaine de mon « Norte Chico »