Château de Vaux-le-Vicomte, trésor français
Chef d’œuvre du 17e siècle, Vaux-le-Vicomte fut le théâtre d’événements historiques marquants et le témoin de l’éviction tragique de son créateur, Nicolas Fouquet, emprisonné à la suite d’un procès rocambolesque.
Histoire
En 1641, Nicolas Fouquet, jeune parlementaire de 26 ans, acquiert le fief de Vaux-le-Vicomte. Vingt ans plus tard, il en fait un chef-d’œuvre unique. Le château et le jardin sont parmi les plus beaux de France. Pour la première fois dans l’histoire, ce visionnaire réunit sur un même projet l’architecte Louis Le Vau, le peintre-décorateur Charles Le Brun et le jardinier André Le Nôtre.
Victime d’un complot, Fouquet est arrêté puis condamné au bannissement puis à la prison à vie par Louis XIV en 1661. Vaux-le-Vicomte est alors mis sous scellés et le roi saisit la quasi intégralité de ce qu’il contient. Que ce soient tapisseries, mobilier, peintures, livres, tapis… jusqu’aux orangers ! Madame Fouquet mettra 10 ans à récupérer son bien où elle se retirera avec son fils aîné. Après la mort de celui-ci, elle se résout à se séparer du château de Vaux-le-Vicomte qui est mis en vente en 1705.
Claude-Louis-Hector de Villars, Maréchal et Pair de France, l’acquiert sans même le visiter. Il en apprécie le charme pendant de longues années. Son fils le vend en 1764 au Duc de Praslin. Ses descendants le conserveront pendant plus d’un siècle, dont 30 ans d’abandon, avant de le remettre en vente.
En juillet 1875, le château est vide et que le jardin à la française n’est plus qu’un lointain souvenir. Le domaine de Vaux-le-Vicomte est mis aux enchères publiques. Un amateur d’art, Alfred Sommier, l’achète et commence un immense travail de restauration pour restituer au domaine son incomparable beauté d’origine. Ses enfants poursuivront son œuvre après sa mort. Aujourd’hui, ses descendants directs, Patrice et Cristina de Vogüé, épaulés par leurs enfants Jean-Charles, Alexandre et Ascanio poursuivent l’œuvre commencée il y a 140 ans.
Le Château
L’architecte Louis Le Vau jouit déjà d’une grande réputation lorsqu’en 1653, Nicolas Fouquet fait appel à lui. Premier architecte du roi, il est considéré comme le meilleur ambassadeur du style italien en France. Il puise aussi ses références dans l’antiquité. Ces différentes sources vont lui permettre d’imaginer, à Vaux-le-Vicomte, un style qui lui est propre. Nouveau et puissant, le style deviendra le socle de l’architecture française pour le siècle et demi à venir.
Majestueusement disposée sur un axe long de quatre kilomètres, la demeure de Vaux-le-Vicomte surgit par un effet de plans successifs. Tel un décor de théâtre, au centre de la mise en scène où le regard est canalisé par les murs des dépendances qui bordent l’avant-cour. Sans faire obstacle, le château laisse entrevoir, de part et d’autre de sa façade les jardins. Ils s’étendent au-delà en épousant la pente naturelle du terrain discipliné en vastes terrasses. Partout le grand axe règne au centre de la composition habilement équilibrée. Par un effet de transparence, l’axe traverse le château par le Vestibule et le Grand Salon et permet d’apercevoir, depuis la route, la statue d’Hercule au repos, deux kilomètres plus au sud.
Le Jardin à la française
Vaux-le-Vicomte est l’oeuvre fondatrice du jardin à la française. Grâce à Nicolas Fouquet, le célèbre jardinier André Le Nôtre obtient, dès 1641, la possibilité de manifester toute l’étendue de son génie. Il rassemble pour la première fois à grande échelle l’ensemble des acquis techniques, scientifiques et artistiques de son temps en matière de jardin.
Le Jardin de Vaux-le-Vicomte s’ordonne autour d’une perspective génialement maîtrisée. Elle est longue de plus de trois kilomètres. En composant la mise en scène du château et de son écrin dans l’espace de 33 hectares taillés au cœur de la nature, André Le Nôtre et Louis le Vau réalisent la plus parfaite harmonie entre architecture et paysage de tout le 17ème siècle. La force et la noblesse de son dessin d’ensemble. Abondance d’eau et de surprises et sa majesté théâtrale font du jardin de Vaux-le-Vicomte l’œuvre fondatrice d’un art nouveau. C’est le début des jardins à la française. Ils font aussi de ce théâtre une invitation au savoir, à l’imaginaire et au plaisir.